Influencées par la ville événementielle, éphémère et évolutive héritée des utopies urbaines des années 60’, les coopératives genevoises la Ciguë et l’Habrik, accompagnées des architectes du bureau Face à Face et en partenariat avec les CFF, explorent un concept d’habitat modulaire dans des friches ferroviaires.
L’habitat est à présent itinérant. Dans une logique d’intensité urbaine, il se déplace au gré des opportunités sur le Canton ou en Suisse, partout où le train a accès et où le manque de logements sévit. Amenés sur site via le réseau ferroviaire, les modules se branchent les uns aux autres, se superposent et façonnent des logements communautaires. Ils activent temporairement les friches CFF en mutation et les terrains vagues. Ainsi, étudiant.e.x.s, apprenti.e.x.s, personnes issues de la migration, artisan.ne.x.s et artistes co-construisent un bien vivre ensemble dans des espaces de qualité, écologiques et adaptés à leurs besoins.
L’habitat est à présent flexible. Sa construction modulaire permet une plus grande spontanéité et créativité dans la conception architecturale, tout en allégeant les contraintes administratives. S’inscrivant dans une vision à long terme, l’habitat s’adapte et se réinvente selon les besoins, afin de répondre aux évolutions socio-économiques de la société. Il est ainsi capable de se recomposer pour s’ouvrir à l’accueil de nouveaux types de ménages en quête d’opportunités de cohabitation. La prise de conscience de ces évolutions ainsi que l’impératif d’offrir un toit pour tout.e.x.s doit faire émerger une ville agile. À l’image de Plug-in City de Peter Cook (1964), elle devient un organisme en constante évolution.
L’habitat est à présent écologique. Il témoigne des préoccupations des coopératives, toujours plus engagées en matière environnementale. Sa flexibilité et sa mobilité permettent son réemploi de site en site. Les modules sont construits en atelier à partir de bois suisse issu de forêts gérées durablement. Leur préfabrication ainsi que la simplicité du montage assure une durée raccourcie du chantier. Posés et assemblés les uns aux autres, ils ont un faible impact sur le terrain et un fort impact social.
Itinérant, flexible et écologique, l’habitat modulaire permet ainsi de repenser le territoire. Il s’insère dans les espaces interstitiels, y insuffle de la vie avec une spontanéité sans précédent, et devient un théâtre où s’inventent de nouvelles formes de vivre ensemble.